Dans la mythologie chinoise, Pan Gu est l’être vivant primordial de la création du monde. L’univers était à l’origine un chaos informe, un œuf cosmique duquel s’éveilla, après 18 000 ans. D’un coup de hache, il sépara le ciel de la terre : Le clair, léger et pur devint le ciel, tandis que le lourd, dense et sombre forma la terre.
Pan Gu continua de grandir pendant 18 000 autres années, maintenant l’écart entre ciel et terre. À sa mort, son corps se transforma en éléments du monde : son souffle devint le vent et les nuages, sa voix le tonnerre, ses yeux le soleil et la lune, son sang les fleuves, ses muscles les montagnes, et ses poils la végétation. Ainsi naquirent le cosmos et la nature.
La légende de PAN GU illustre la pensée cosmologique ancienne des Chinois, où l’homme et l’univers sont intimement liés, et où la création est à la fois un acte de séparation et d’harmonie. Elle a portée universelle puisque la Pangée définit scientifiquement le continent unique qui préexistait aux trois continents de l’hémisphère nord 300 millions d’années en arrière.
(…/…)
La rencontre des volutes méditatives des œuvres de Xiaojun Song et de cet ascétique alignement de piles de pâte de verre pourrait relever de l’improbable et pourtant que de complicité ! Déjà, l’Orient est évidente source d’inspiration du plus minimaliste des architectes français des 30 glorieuses. Ensuite, ce lieu dont la monumentalité élève le quotidien au rang de rituel se voit conférer une fonction de cimaises. Ce rythme cadencé des jardins zen, des cadrages panoramiques et d’œuvres aux dimensions modestement imposantes nous invite à goûter la beauté du monde depuis le silence des volumes clos de verre. L’attraction de ces nuages calligraphiés transmutés en fruits du feu semble suspendre ces espaces verticaux. Entre le trait sanguin, grisaillé ou blanc des circonvolutions de l’une et le carroyage chamarré du terre-de-Sienne au ton violine de l’autre, la même incarnation de la pulsion de vie, la même légende tellurique des origines.
Thierry Bessons
|