
BATTRE LES CARTES
Aurélie Pétrel
BATTRE LES CARTES
Aurélie Pétrel
La pratique photographique d’Aurélie Pétrel interroge le statut de l’image, son utilisation ainsi que les mécanismes de sa production. Ancrées dans la durée, ses recherches visent à ramener la prise de vue au centre de la réflexion multisensorielle à l’aide de dispositifs spatiaux. Huit villes choisies pour ce qu’elles incarnent sur l’échiquier mondial, sont à la base de ses recherches photographiques et de ses pièces. Elles initialisent en les géolocalisant ses futures «prises de vue latentes», en attente de déclenchement, de révélation, d’activation, de déplacement, d’hybridation, de transfert, de devenir-support allant de la sculpture à l’architecture jusqu’aux installations scéniques dans son travail en duo avec le metteur en scène Vincent Roumagnac (Pétrel I Roumagnac (duo)). Aurélie Pétrel pose ainsi la question de la mutation-mutabilité d’une image, son potentiel de fractalisation, non seulement en soi mais aussi dans ce qu’elle peut provoquer comme trouble en son expérience de pluriperception. Pour elle, une prise de vue génère une multitude de prises de point de vue. Les temps et les espaces ne cessent de se superposer, tout en ne cessant pas de se disjointer. L’image, vecteur mouvant de cette élasticité spatio-temporelle, se redistribue et en ses métamorphoses consécutives vient ainsi déjouer son absorption consensuelle, sa perception une et définitive, son moment et sa position décisifs. La latence de l’image se repense, récemment, par sa traduction en données (Tracks 3, Toronto 2019) ou paradoxalement par sa quasi disparition à force de «process» (Altérations-Réactivations), de transports, de redistribution (AxIonométrie 2 inactinique, Fiac-projectsParis 2018). Mettant en oeuvre les outils formels et les processus intellectuels tant des artistes que des chercheurs, Pétrel associe une démarche plasticienne et conceptuelle dans une suite programmatique de mises en situation, où le format exposition rejoue à chaque fois différemment, la dimension interprétative de toute partition, de toute photographie en latence, de toute forme en attente de métamorphose. Son travail fait partie de la collection du Musée de l’Élysée de Lausanne (CH); du Centre National d’Art Moderne (MNAM) – Centre Georges Pompidou, Paris, du Centre National des Arts Plastiques (CNAP), du FRAC Normandie Rouen et du FRAC- Fond Régional d’Art Contemporain Occitanie Montpellier. Formée à l’École des Beaux-Arts de Lyon 2006, elle enseigne en tant qu’artiste et responsable du Pool photographie au sein de la HEAD – Haute École d’art et de design de Genève depuis 2012 et co-dirige le Laboratoire d’expérimentation du CIPGP – Collège International de Photographie du grand Paris depuis 2018. Son travail est exposé en France et à l’étranger. Il est représenté par la galerie Ceysson & Bénétière, Gowen Contemporary (en solo) et par la galerie Valéria Cétraro (en duo).
