Communiqué des réseaux nationaux et territoriaux des arts visuels pour la réouverture des lieux de création et d’exposition
Communiqué publié le 7 décembre 2020
Signataires :
a.c.b - art contemporain en Bretagne (53 membres)
AC//RA, art contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes (116 membres)
AICA France - Association Internationale des Critiques d’Art (section France) (550 membres)
air de Midi, réseau art contemporain en Occitanie (35 membres)
Altitudes, art contemporain en territoire alpin (15 membres)
ANÉAT – Association Nationale des Écoles d’Art Territoriales de pratiques amateurs (33 membres)
Arts en résidence - Réseau national (41 structures de résidence et plateforme de ressources)
BLA! - association nationale des professionnel·le·s de la médiation en art contemporain (159 médiateur·trice·s)
BOTOX(S), réseau d'art contemporain Alpes & Riviera (28 membres)
d.c.a (réseau national de développement des centres d’art) (47 membres)
DIAGONAL, réseau national des structures de diffusion et de production de photographie (25 structures)
devenir.art - réseau des arts visuels en région Centre-Val de Loire (108 membres)
LoRA - Lorraine Réseau Art (37 membres)
PAC / Provence Art Contemporain (54 membres)
Pôle arts visuels Pays de la Loire (225 membres)
RN13bis - art contemporain en Normandie (23 membres)
TRAM Réseau art contemporain Paris/Île-de-France (31 membres)
Versant Est - réseau art contemporain en Alsace (24 membres)
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Depuis le 31 octobre 2020, les lieux de création, de production et de diffusion des arts visuels —
centres d’art, FRAC, musées, structures de résidence, etc. — ont, pour une seconde fois cette
année, éteint les lumières de leurs expositions et fermé leurs portes au public. Nous demandons,
à ce qu’ils rouvrent, dès le 15 décembre.
Le confinement prive les citoyen·ne·s de tous âges et de tous milieux d’un accès physique
aux œuvres d’art, que l’on sait pourtant être des ressources sensibles et intellectuelles
nécessaires à toute démocratie, plus que jamais primordiales dans les périodes
d’incertitude et de désarroi. Les lieux de création, de production et d’exposition de l’art
contemporain participent activement au maillage territorial de notre pays pour mettre en œuvre et
garantir les droits culturels, inscrits au sein de la loi NOTRe de 2015.
Depuis le printemps, les lieux de création et d’exposition, et plus largement l’écosystème
artistique des arts visuels, ont fait preuve de leur grande capacité à s’adapter aux différents
protocoles sanitaires, au télétravail, et à réorganiser leurs programmations. Ils ont aussi proposé
de nouveaux formats à distance et des contenus numériques innovants et remarqués, afin
d’entretenir le lien avec les publics et de soutenir le travail des artistes. Les outils numériques
sont utiles et complémentaires, et cette période nous enseigne comment, bien équipés, nous
pourrions les utiliser. Mais ils ne peuvent pas se substituer à la rencontre physique avec
l’œuvre, constitutive de l’expérience esthétique émancipatrice, en nos lieux qui lui sont
dédiés et précisément pensés pour elle.
Le numérique ne remplace pas non plus les temps de partage collectifs des savoirs, via
l’éducation artistique et culturelle, quotidiennement mise en œuvre par des artistes et des
médiateur·trice·s expérimenté·e·s dans les lieux de l’art. En coopération avec l’école mais
hors de ses murs, ce sont des laboratoires de réflexion critique, d’apprentissage des images, et
d’exercice de la liberté d’expression fondamentaux.
Le travail engagé à cette période nous permet de mieux cerner les priorités et les modes
d’action que nous pouvons mobiliser en temps de crise. Nos lieux ont été parmi les premiers à
rouvrir après le premier confinement avec la qualification de « petits musées », qui prenait alors
en considération la flexibilité de nos équipements et leur fonctionnement quotidien dans les
territoires. Ils ont su le faire dans le plus grand respect des consignes sanitaires, en mettant
en place des protocoles rigoureux et évolutifs (nombre de visiteur·se·s adapté à la capacité
des espaces, suspension de tous les rassemblements à risque type vernissages, mesures
barrières, etc.) qui ont démontré leur efficacité.
En optant pour une ouverture immédiate et bienvenue des librairies et des bibliothèques,
pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas pris en compte les lieux des arts visuels, qui, eux, restent
de manière incompréhensible fermés, alors qu’ils relèvent des mêmes usages de visite
individuelle ou en petits groupes ? Pourquoi ne pas différencier les équipements au sein du
milieu culturel, selon par exemple l’offre, la taille, les capacités d’accueil, la situation du
territoire, etc. ? Nous constatons ainsi, et cela nous attriste et nous choque, que lors de ce
second confinement, les arts visuels ne font l’objet d’aucune communication spécifique du
ministère de la Culture, malgré la réalité économique du secteur, le nombre élevé de
structures, de travailleu·r·se·s et de publics concernés.
Pour donner, conformément à nos missions, une visibilité aux artistes et aux auteur·e·s avec
lesquel·le·s nous travaillons, et les soutenir efficacement, nos programmations ne peuvent être
suspendues à répétition, au risque de peser lourdement sur l’économie et les ressources propres
de notre secteur, déjà fortement précarisé avant la crise. N’asphyxions pas les artistes, les
auteur·e·s, les commissaires d’exposition, les critiques d’art, les médiateur·trice·s, les
graphistes et plus largement tou·te·s les professionnel·le·s indépendant·e·s du secteur des
arts visuels.
Nous demandons donc à rouvrir dès le 15 décembre, en adaptant à nouveau nos protocoles
si nécessaire, afin de maintenir un lien social, territorial, culturel et humain essentiel.
Laisser vivre la création, c’est d’abord permettre qu’elle soit agissante, visible et accessible !